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Chapitre 9

Chapitre 9

Chapitre 9
 
"Ah, je l'ai trop aimé pour ne point le haïr". 
« La meilleure façon d'aimer quelqu'un c'est de ne jamais oublier qu'on pourrait la perdre à tout moment »
 
 
 
 
 
 
«Ed on peut se voir ? J'ai un projet à te présenter, et je ne sais pas vraiment à qui m'adresser... »
« Pas de soucis Haz ! On se capte dans la soirée ? ;) »
 
*
 
“Je comprends toujours pas pour quelles raisons tu m'as appelé Harry...”
“Ah, c'est si mauvais que ça ?”
“Bien au contraire abruti ! J'ai absolument pas besoin d'y toucher je ne ferais que la gâcher!”
“Si tu l'aimes tant je te la donne, je n'en ferai rien”
“Stupide... Mon prochain album est déjà complet, mais j'ai une idée de à qui ça pourrait plaire..”
“Je te laisse gérer mon pote!”
“Just a little bit of your heart hein? t'es définitivement dans la merde...”
“Ferme-là et va vendre ma chanson! (lov ya)”
“💙💙💙”
 
 
_________________________________________________
 
LOUIS:
 
 
- On vient d'apprendre que l'un de vous cachait avec réussite ses talents de compositeurs... Vous ne m'en voudrez pas les garçons, je vais prendre cinq minutes pour parler de Harry en vous laissant éhontément de côté, tenta-t-il de plaisanter d'un ton léger.
- C'est pas comme si on n'y était pas habitué, crachai-je tout bas, ma voix couverte par les badinages de circonstance que furent les réponses de mes camarades.
- La chanson a été écrite il y a un moment, ainsi qu'interprêtée mais c'est seulement maintenant que le monde apprend que tu en es l'auteur ainsi qu'un cachottier émérite. Le morceau est titré Just A Little Bit Of Your Heart. C'est donc une chanson d'amour en quelque sorte? avança-t-il en attendant une confirmation de l'intéressé.
- Effectivement...ça n'avait pas pour but d'être une leçon d'anatomie...
 
Et évidemment ce lèche-cul de journaliste -s'il méritait ce titre- gloussa avec aisance comme si c'était réellement drôle.
 
- Tu y présentes la douleur d'être engagé presque malgré soi dans une relation qui fait souffrir, et le thème de l'infidélité, ou d'une relation multiple du moins non consentie, y est aussi évoqué, il releva la tête de ses notes s'assurant de sa confirmation. Est-ce autobiographique Harry ? Est-ce une façon d'exorciser une douleur passée, as-tu vécu cette situation...où bien étais-tu seulement très inspiré ce jour-là ?
 
Un rictus se forma sur ses lèvres, évidemment, à quoi s'attendait-Harry: une promo sans contrepartie ? Il se composa un nouveau sourire bienveillant pour l'adresser directement à la caméra.
 
-          Tout à fait ! C'est l'histoire : une fille qui s'est faite avoir au jeu de « qui tombera en premier ». Rien d'officiel entre eux tu vois, et elle le voit s'éloigner tout en sachant qu'elle n'a aucun contrôle, aucun droit sur lui.
 
Mon regard ne put l'éviter plus longtemps, et je me heurtai directement au sien déjà figé sur moi, il me brûla la peau comme s'il voulait que ses mots s'y ancrent. Il sembla apercevoir ce qu'il attendait puisqu'il se redressa, comme apaisé de voir que ses mots avaient encore un impact sur moi, qu'il était lui-même encore capable de me blesser. Cela n'avait jamais cessé, il était le seul dont l'impact était si profond que la marque une fois faite ne disparaissait jamais, c'était la raison  pour laquelle j'avais dû apprendre à faire semblant. Je devenais manifestement moins bon à l'usure puisqu'il venait de me deviner.
 
-          Une fille qui accepte tout pour préserver ce bout de relation, même à passer après, à être une parmi d'autres. Et ce qu'elle souhaite c'est juste compter un minimum au milieu de la foule, capturer un morceau de son c½ur, minime, en contrepartie du sien qui lui est entièrement dédié. Ouais, c'est une chanson sur la souffrance et l'hérésie dans laquelle peut te pousser une relation.
-          OK ! Merci de ces précisions Harry. Mais ne crois pas que je n'ai pas remarqué,  tu as éludé ma seconde question...
 
Il sourit, anticipant, il avait toujours un coup d'avance sur lui et cela le réjouissait visiblement. Il attendait cette relance comme un charognard attend qu'un chasseur abandonne sa proie pour s'y précipiter.  C'était son tour de jouer, il avança ses pions...
Mon yeux ne l'avaient pas quitté, incapables de fixer leur attention ailleurs, dans ce rôle là Harry devenait hypnotisant, son regard m'effleura brièvement, et je compris le message. C'était moi son adversaire en réalité. Il ne jouait pas contre Jimmy et ses questions indiscrètes, chacun de ses mots m'étaient adressés, tous choisis avec soin dans un seul but: faire mal. Il voulait les énoncer un à un, ses yeux rivés aux miens pour pouvoir se réjouir des dégâts qu'il y verrait se produire simultanément. Il n'aurait cependant pasce plaisir, la caméra braquée sur lui le lui empêcherait c'est pourquoi il s'assura de capter mon attention avant de commencer, afin que je comprenne: tout ce qui suivrait me sera destiné...
 
 
-          Non Jimmy, je ne me suis pas évité une longue psychanalyse en écrivant ce morceau, j'ai juste voulu raconter une histoire, fictive donc. Contrairement à d'autres, je ne fonde pas mon succès sur mes multiples histoires de c½urs brisés.
 
C'était vicieux et il s'autorisa un prompt coup d'oeil dans ma direction à ce moment précis. Il savait que j'avais toujours eu Taylor en horreur...
 
-           Il y a des instants de vie qui t'inspirent, qui te donnent un aperçu de ce que d'autres vivent et c'est intéressant d'aborder un point de vue différent du sien je trouve. Mais pour te répondre non ça ne m'est pas du tout personnel. Tu me connais, pas d'attaches ! Juste, tu rencontres des personne qui te font réfléchir sur un sujet que tu avais négligé et cela semble bien, ça sonne déjà comme une chanson dans ta tête. Et ces personnes en général ne sont que de passage, dénuées d'importance, tu en rencontres des foules dans une vie.
 
Il clôt son intervention de cette façon, vicieusement. Souriant une ultime fois à Jimmy, sa tête légèrement inclinée, si bien qu'on ne savait pas bien vers où se perdait son regard. Mais je le perçus parfaitement pour ma part, et il le savait, mes gigotements d'inconfort le lui assuraient.
 
 
*


 
C'était du grand foutage de gueule, j'hallucinais totalement! Harry avait déjà détruit chaque molécule d'espoir qui résistait encore à l'intérieur de mon corps lors de son discours sur ce que nous n'avions jamais été. Il avait effacé en une poignée de secondes trois années de souvenirs et de bonheur, il avait gommé nos rires et entamé mon identité. En s'en prenant à notre passé comment il avait émietté une partie de qui j'étais, ce passé m'avait façonné et me définissait d'une certaine manière. Qui aurait cru que de simples mots, un reniement balançé entre deux claquements de portes remettrait une vie entière en question? Pas moi évidemment.
Il avait tout foutu en l'air. Depuis la première dispute en préférant garder ses distances plutôt que de me confronter et me reprocher mon comportement incohérent, jusqu'à nos retrouvailles bancales qu'il n'avait pas su assumer, passant son temps à faire demi-tour et à me fuir, jusqu'à sa dernière prise de parole... me suppliant de ne pas m'éloigner pour me quitter avec fracas. J'étais censé être celui qui aimait rendre sa vie théâtrale. Il semblait avoir adopté mon intérêt pour les drames.
C'était à son initiative que le point final de notre histoire -quelle qu'elle soit- avait été posé.
Et ça avait été douloureux. C'était douloureux. Chaque seconde qui passait. Mais c'était ainsi et la vie ne s'était pas arrêtée.
Tout était clair, il m'avait exposé limpidement ce qu'il pensait de nous, alors pour quelles raisons s'acharnait-il encore aujourd'hui? J'avais rendu les armes, le combat était fini, je l'avais reconnu vainqueur. On n'engageait pas une nouvelle offensive lorsque l'adversaire était désarmé et dos à soi. C'était un acte de lâcheté et d'acharnement malsain.
Harry n'était pas comme ça.
Le souvenir que j'avais de Harry ne l'était pas du moins.
Mon armure était à terre depuis ma dernière défaite, mon bouclier en miettes à mes pieds et cette fois-ci ses mots acérés rencontrèrent directement ma peau nue, ce fut au-delà du supplice de ne pas prier le sol de m'engloutir.
 
Il me reprochait d'être le fautif, le tyran qui l'avait torturé et s'en était amusé. Il me reprochait des actes dont je le tenais pour responsable. C'était incohérent, jamais je ne m'étais joué de lui.
Cà avait été moi l'idiot qui avait cru en lui, qui s'était laissé berçer par l'image qu'il s'imaginait et qui en réalité était bien loin de la réalité, celui qui malgré l'évidence s'était mis à nu dans l'espoir d'être rejoint. Mais j'étais juste tombé malade tout seul comme un con. A ce jeu-là il n'y a pas de retour en arrière possible, une fois qu'on a perdu, il ne reste rien à ramasser. Même ma dignité s'était évaporée dans le duel inégal.
Il osait parler d'une  relation ouverte avec laquelle il ne serait pas consentant  alors que j'avais quitté Eleanor en réalisant qu'il m'attirait pas seulement pour qui il était mais pour ce qu'il était: un homme. Alors que j'avais vécu au rythme de ses désirs tout le temps que ça avait duré, sans jamais en éprouver moi-même un seul qui ne rimait pas avec son prénom. Alors qu'il s'amusait à évoquer d'autres noms et d'autres nuits, puis qu'il m'assurait ne pas exister lorsque la dispute perdait toute légèreté. Mais qu'en savais-je? Peut-on réellement se défaire d'une réputation aussi tenace que celle de coureur de jupons qu'il lui collait à la peau depuis que son nom circulait librement sur toutes les lèvres?
Il était allé jusqu'à dire que je n'étais rien de plus qu'une personne de passage, qui traversait  sa vie sans la marquer, une qu'on oubliait avec facilité et vélocité... Je n'étais rien de plus même après quatre ans partagés.
 
Il m'avait provoqué en duel pour un délit que je n'avais jamais commis, et malgré mon innocence sa lame avait lacéré ma peau avec autant d'entrain qu'il aurait puni un criminel.
 
 
Nous étions censés enchaîner les interviews et les radios dans les mêmes locaux toute la journée, plusieurs pièces avaient donc été mises à notre disposition , certaines servant de loges, d'autres de cantine ou encore de dressing éphémère.
Je choppai Liam sur le chemin vers les toilettes agrippant un peu trop fermement sa chemise, mon visage trop près du sien:
 
 
- Le manager veut voir Harry dans le bus de tournée, tout de suite! Transmets.
 
Ca ne devrait pas paraître suspect vu que -une fois encore- nous ne nous adressions plus la parole. Nous avions franchi un nouveau palier, vu le niveau de tension peu amène qui habitait chacun d'entre-nous, les gars avait pris l'habitude de communiquer entre eux afin de s'arranger pour que Harry et moi ne nous retrouvions pas en même temps dans la même pièce. Si nous y étions forcés par les circonstances ils s'infligeaient l'horrible torture de jouer les tampons, nous éloignant le plus possible l'un de l'autre afin d'esquiver  tous accidents parables.
Ne pas dire la vérité était un risque de moins qu'il ne me fasse faux bond. Jamais Harry ne m'aurait rejoint de son plein gré, peu importe la raison. Fierté de merde!
 
 
- Pourquoi il voudrait le voir là-bas, l'équipe à son QG juste l...
- Liam, soufflai-je fort pour ne pas m'agacer et perdre ma crédibilité, juste transmets!
- Ok. Détends-toi mon pote, on a une demi-heure de pause avant le prochain, ça va aller hein! m'assura-t-il d'une tape amicale sur l'épaule.
 
Ouai tout irait très bien. Jusqu'à ce qu'Harry franchisse la porte derrière laquelle je me trouverai.
 
 
 
*
 
 
- Paul!? Tu veux quoi, j'ai fait quoi comme connerie encore? Ça va j'ai été...
 
Il avait balancé la porte avec trop de force et grimpé les marches avec trop d'enthousiasme. C'est ce qui provoqua le comique de contraste lorsqu'il m'aperçut installé dans le placard qui nous servait de salon. Il s'immobilisa instantanément, son visage se figea dans la dernière expression qu'il avait empruntée, même son bras porté par l'élan de son entrée resta un instant à la perpendiculaire devant lui.
 
Je craignais qu'il n'explose à tout moment, qu'il me lacère encore un peu plus avec les armes qu'il maîtrisait si bien, qu'il fasse aussitôt demi-tour ou même qu'il feigne ne pas me voir. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il fit réellement.
 
- Un guet-apens? De mieux en mieux...
 
Ce fut à mon tour d'être sur le cul, incapable de réagir sur le moment face à ce ton trop calme.
 
 
- Je vois que notre manière de communiquer devient de moins en moins malsaine, continua-t-il posément.
 
Et maintenant il se mettait à faire de l'humour! Mais quel foutu connard!
Néanmoins il vint prendre place sur un siège peu éloigné du mien et son aura tranquille et son ton toujours apaisé m'empêchèrent de parler avec la haine qui était prévue.
 
 
- Dixit le mec qui vient de régler ses comptes en direct?
- Je parlais de ma chanson... c'était justifié! il tenta d'empêcher ses traits de se crisper en haussant un sourcil mais n'obtint pas le résultat escompté.
- Merde Harry d'où ça sortait toute cette merde que tu déblatérais!? Tu m'as très explicitement adressé cette foutue chanson, mais je ne suis absolument pas le type que tu dépeins!
- Tu l'as été pourtant.
- Mais de quoi tu parles!? m'emportai-je en me levant, incapable de me contenir en restant confortablement assis là. On a vécu les derniers mois dans le même monde où bien? Je te rappelle qui se laissait traiter comme de la merde tout ce temps, qui subissait tes sautes d'humeur et ton comportement de foutu connard?
- Louis...j'ai écrit cette chanson il y a plus ou moins deux ans.
- J'étais toujours pas le salaud que tu décris et je savais même pas que je pourrais un jour être attiré par un mec. Ça n'a rien de cohérent!
- Cela l'est pour le gosse énamouré que j'étais...
 
Je trébuchai sur mes pieds et me rattrapai de justesse au rebord d'une couchette, les yeux écarquillés au maximum que mon anatomie l'autorisait. Lui soupira seulement en se redressant dans le sofa, prêt à mener un nouveau combat.
 
 
- Louis...tu ne vois rien d'autre que le chemin sur lequel tu marches, les yeux rivés sur les pas que tu fais, tes erreurs et ceux qui ont le malheur d'empiéter sur ta terre sainte. Lève juste un peu les yeux et regarde-moi à seize et dix-sept ans. Jamais personne ne t'a admiré et adulé autant que moi à cette époque. Je bénissais la relation atypique -selon les dires- que nous entretenions et qui me permettait d'avoir toujours plus de toi. Plus que je ne pouvais espérer. Mais j'espérais toujours plus loin quand bien même ma raison cherchait à s'imposer sur le reste. J'étais amoureux de toi, le plus purement et le plus sincèrement possible. J'ai longtemps cru qu'il y avait plus entre nous et que nous n'avions juste pas besoin de mots à poser dessus. On partageait tellement de choses, lorsqu'on nous appelait “duo” moi je pensais “couple”. Et tout concordait, on passait notre temps ensemble, ne se séparant pas même pour dormir, tu me couvrais d'attention et d'éloges... Tu m'avais déjà embrassé, c'est arrivé rarement mais plus d'une fois. C'était certes innocent et manifestement dénué de sens pour toi, mais... j'étais fou de toi Louis! Je prenais chaque signe que je pouvais capter pour me conforter dans mon illusion. J'étais naïf mais beaucoup se seraient laissé avoir face à ce leurre. J'étais heureux... puis tu as rencontré Eleanor. Et j'ai réalisé brutalement que la bulle dans laquelle je vivais, tu n'y avais jamais habité avec moi... C'était moi, j'étais seul depuis le début, mais le comprendre était différent. Rien n'a vraiment changé entre nous, mais l'illusion s'était envolée. L'espoir aussi.  Je ne t'en ai pas voulu sur le moment, c'était mon erreur de jugement. Elle était cruelle mais tu n'en savais rien évidemment. Aucun de mes sentiments n'étaient réciproques, pourtant ils étaient toujours bien présents... Et je savais qu'ils ne disparaîtraient pas du jour au lendemain, comme El ne l'a pas fait non plus. Alors j'ai décidé de me blinder, j'ai appris de mon erreur, je me forçai à ne plus m'attendrir à chacun de tes contacts, à ne plus fondre à chacun de tes mots doux, à te voir comme Liam ou Niall. Un simple meilleur ami. Je suis passé à autre chose, j'ai rencontré des gens, c'était parfois dur et j'ai essayé de t'en vouloir, mais j'en étais incapable, j'étais programmé pour t'aimer. J'ai enfoui tout sentiment jusqu'à ne plus être conscient de leur existence. Puis on s'est éloigné. C'était bien pour moi, et j'ai totalement perdu de vue ce que j'avais un jour pu ressentir pour toi. Relégué non seulement à mon passé mais à une vie antérieure. Une dont on ne se souvient que sous hypnose. Tu vois j'ai si bien dressé mon cerveau à me protéger de toi qu'il en a occulté le baiser à la soirée de clôture... Puis t'as soudainement repris conscience de mon existence, tu as débarqué dans ma nouvelle vie sans toi avec tes pieds d'éléphant et tu as tout fait trembler. J'étais un peu perdu, mais j'avais tout occulté, alors ce n'était pas trop difficile au début. Mais tu as persisté et je t'ai repoussé, voulant te garder au rang de meilleur ami, à ta place -celle que je savais enfin être la tienne- sans comprendre pourquoi l'idée de sortir de cette case te viendrait. Tu es revenu plus fort et ça a ébranlé mes remparts. J'ai commencé à nourrir de la ranc½ur envers toi, tu jouais avec moi comme tu l'avais fait deux ans plus tôt, t'amusant de mes sentiments toujours présents pour disposer de moi jusqu'à la prochaine lassitude. Bien sûr rien de tout cela n'était juste mais ce fut ma façon de le penser. Tout remontait soudainement mais j'arrivais encore à rendre indéchiffrable tout ce qui osait se rappeler à mon esprit. Malheureusement tu es tenace et j'ai cédé. Et j'ai apprécié ça, cette nouvelle proximité, cette complicité différente, charnelle, cet accès inédit à ton corps, en découvrir plus sur toi alors que je croyais  tout connaître. Mais ça ne pouvait durer et je ne pouvais plus permettre que ça aille plus loin. Ce n'était qu'une passade pour toi, la première fois que tu t'intéressais aux hommes, cette histoire de baiser t'avait sûrement poussé à te remettre en question, une curiosité nouvelle aussi peut-être mais rien de sérieux. Rien qui ne te garderait auprès de moi à long terme. Tu retournerai près de Eleanor bien rapidement. Je te repoussais sans cesse attendant patiemment que tu fasses demi-tour, te détournes, te lasses, prennes peur... Mais rien de tout cela.  Et les vagues du passé se faisaient plus vive, toujours plus hautes, menaçants d'engloutir mes remparts et de fondre les soudures de mon c½ur brisé. Je devais me protéger plus encore. Je ne cherche pas à me faire absoudre Louis...mais peut-être que tu comprendras ainsi mieux mes agissements si éloignés de celui que je suis, de celui que tu connais.
 
Il me fallait échapper à son regard. Je m'enfuis à l'avant du bus, lui tournant le dos pour camoufler mon visage défait. Un silence ponctua sa déclaration et j'eus besoin de prendre appui sur un mur le temps de récupérer un souffle moins erratique.
 
-          Tu pourrais essayer d'être plus accessible, compléta-t-il en un murmure
-          Tu t'attends à quoi au juste ? Tu pensais réellement que j'allais m'excuser de ne pas avoir lu à travers ton esprit retors? Tu m'as plus blessé ces derniers mois que personne ne l'a jamais fait auparavant, je pensais avoir trouvé un point d'ancrage quand toutes mes certitudes s'effrondraient, mais tu es devenu le fardeau me coulant encore plus rapidement.
 
C'était vil, et mesquin mais je ne pus m'en empêcher. Il était posé là, élégant et patient, son long corps déployé sur le sofa. Il était simplement admirable, et cette faible constatation me fit le maudire en silence, mon esprit me soufflait qu'il était l'instigateur indirect de mon mal-être.
 
 
- On compte pas les points mais comprendre que tu ne me voyais pas comme je te voyais m'a presque tué...
- Mais Harry! Je ne savais même pas! JE me suis confié à toi!
- Je sais... désolé c'est difficile d'en parler. Je...Je suis désolé Louis, ce ne sont que des mots. Mais je m'en veux sincèrement pour tout ça. J'ai été un sombre connard. Surtout récemment... Je ne pensais pas un mot de ce que je t'ai dit, j'ai seulement tout fait pour me sauvegarder et une fois de plus je suis tombé à tes pieds et t'ai laissé le champ libre pour m'achever. C'était insupportable. Et dans l'espoir de me reconstruire j'ai inconsciemment voulu frapper plus fort...
- T'es qu'un merdeux Harry. T'as craché sur notre passé.
- Je sais... Je m'excuserai encore et encore. Je ne suis pas ce gars-là, je ne me laisse pas diriger par une fierté merdique. Je te ferai tout oublier. Je veux que tu me vois comme celui que j'étais avant que tout ne parte en vrille. Je n'ai pas changé. Et maintenant que tu connais mes...ressentis, je n'ai plus rien à cacher et aucune raison de te blesser.
 
Sa voix m'apaisa contre mon gré. Elle résonna dans mon esprit et prit totalement possession de mon corps, détendant un à un mes muscles tétanisés. Lorsque je l'avais convié à me rejoindre j'avais dans l'idée qu'il me provoque et me donne enfin l'occasion de me libérer de toute la tension qui m'habitait jour et nuit à grand renfort de cris. Mais Harry restait Harry, et en toute circonstance il s'entêtait à réagir par l'antinomie la moins prévisible.
 
 
- Tu fais tellement chier Harry...
 
Je tournai sur moi-même les mains sur le visage, totalement dépassé. Mais bien trop vite, un mouvement furtif à l'extrémité de mon champ de vision me força à revenir à la réalité avec brutalité.
Harry avait fait volte-face et ouvrait déjà la porte du bus, prêt à s'esquiver encore une fois.
Une poussée d'adrénaline plus tard, je m'interposai, balançai son bras qui tenait encore le battant et la refermait violemment en le forçant à reculer, l'expression fermée sur mon visage y aidant.
 
 
- Ne fuis pas maintenant Harry!
- J'ai été un salaud, je t'ai blessé, j'ai pigé. Je te laisse tranquille.
- Putain mais laisse-moi encaisser tout ça avant d'abandonner!
- Je sais que tu vas me jeter mais...là maintenant j'ai pas la force de l'entendre. Je me sens suffisamment minable comme ça, accorde-moi la dignité de m'effondrer ailleurs que sous tes yeux.
 
La fuite, toujours la fuite face au danger.
Il tendit un bras, tenta de me repousser pour de nouveau atteindre la poignée, forçant mon corps à s'éloigner. Il en était hors de question, je n'avais pas fini.
Je comptais le frapper afin de lui enlever toute idée de fuite mais bien que mon geste suintait la même violence qu'un coup l'aurait fait, ce fut un baiser qui alla s'écraser sur ses lèvres tentatrices. Et surprises.
Il n'eut pas le temps d'y répondre mais retrouver le goût sa bouche était suffisant sur l'instant. Ce fut comme une bouffée de réconfort de goûter à ce contact une nouvelle fois.
Je ne savais pas ce que je faisais, mais lorsque j'en pris conscience, mes doigts agrippèrent les pans perpétuellement ouverts de sa foutue chemise et je me ruai encore sur ses lèvres. Juste brièvement, j'avais trop à dire.
 
 
- Bordel Harry, j'ai peur tu comprends ça? J'ai continuellement envie de t'embrasser, te t'avoir à côté de moi et... et ça me fait flipper de désirer tout ça quand je vois l'emprise que tu as sur moi et la facilité avec laquelle tu me mets à terre!
-Dans la vie il y a très peu de choses qui méritent d'en avoir peur...
-Oui bien sur Monsieur ne craint rien ni personne, Monsieur fait le fier il est le maître du monde et personne ne lui f...
-Tais-toi!
 
Ses mains rencontrèrent mon torse en poings, ponctuant son interjection. Son regard était las mais franc, peut-être y devinai-je un fond d'hésitation au loin.
 
 
- Il n'y a qu'une seule personne que je crains, et cette personne est juste en face de moi en cet instant.
-Eh bien... merci du compliment , je suis flatté!
-Non, sérieusement Louis...tes mots sont l'unique chose susceptible de me faire du mal.
- Ca ne devrait pas...
- J'en ai déjà fais l'expérience.
- Arrête ça!
- Ce n'est pas un reproche, je veux juste que tu comprennes: tu ne dois pas me craindre. Je suis autant dans la merde que toi, il te suffit de quelques-uns de tes mots pour me briser. Tu tiens mon c½ur entre tes mains, et je porte le tien.  Soyons juste prudents.


 
*
 
 
J'avais cédé. Laissé les doutes et les craintes glisser sur moi, abandonné les interrogations trop nombreuses, balayé les scénario catastrophe. Et pour une fois écouté mes désirs.
Harry m'avait fait beaucoup de mal, il s'en était excusé. Ca ne rachetait aucun de ses actes, ni ne les justifiait. Mais il voulait enfin la même chose que moi. Cette chose pour laquelle j'avais sacrifié plusieurs mois et m'étais égratigné la peau.
Alors j'avais cédé pour la cueillir.
Nous n'avions jamais fonctionné selon ce qui se faisait appeler “normalité” après tout, nous ne commencerions pas aujourd'hui.
Même si nous avions finalement décidé d'arpenter le même chemin, ce dernier restait encombré, il nous fallait maintenant déblayé ce fatras.
Nous nous étions tous les deux détendus après avoir colonisé les banquettes du bus. La discussion avait été houleuse par moment, mais les parts d'ombres se levait une à une, balayant les malentendus et apportant parfois des sourires rigides, nous moquant de nous-même pour avoir été si stupides si longtemps.
C'était une discussion plutôt déstabilisante. J'avais l'impression d'éplucher mon être couche par couche, plus qu'une mise à nu, je m'exposais totalement devant Harry. C'était la seule issue, notre dernière chance d'aller mieux. Il ne fallait pas hésiter.
Sauf que cette procédure fragilisait grandement, l'inconfort avait envahi mon corps, j'avais besoin de chaleur... Et ma cuisse collée à celle de Harry ne suffisait plus, j'avais besoin de me sentir en sécurité.
Il n'avait pas bronché lorsque je m'étais rapproché jusqu'à chercher un contact direct entre nos deux corps, et j'avais décidé qu'il n'était plus temps de se cacher. S'il fallait essuyer un refus, autant que ce soit maintenant puisque nous avions décidé d'être sincères et transparents l'un envers l'autre. Alors quand je me sentis sur le point de me refermer pour échapper à la torture que devenait cette discussion, j'inhalai fortement avant d'endiguer mes pensées et oser.
Je fondis en avant, ma tête trouvant immédiatement sa place sur les cuisses fermes de Harry, à peine un bref frisson de surprise vint le secouer. Les paupières baissées afin de ne pas croiser son regard, je pris son silence pour un encouragement et récupérai l'une de ses mains et la ramenai contre mon ventre, appréciant la façon dont ce contact forcé fit vibrer mon corps, plus fortement juste sous mon nombril. Son pouce brossa mon abdomen par-dessus le tissu de mon t-shirt et je me risquai à entrelacer nos doigts en relâchant doucement mon souffle.
 
 
- Tu l'as accepté si facilement, soupirai-je en resserrant notre lien. Et je suis toujours dans la phase de questionnement et de remise en question. C'est difficile de s'accepter différent de ce qu'on se pensait...
- Accepter quoi Louis?
- De ne pas être l'hétéro que j'étais persuadé d'être, d'aimer aussi les hommes. Accepter de me définir comme bi ou même gay, autant dans ma propre tête que face aux autres.
- Louis... Il n'y a rien à accepter! Rien à définir. T'es avec moi?
 
Je hochai la tête bien qu'aussi incertain de la réponse à donner que de l'exactitude de sa précédente  affirmation
 
 
- Tu m'aimes moi? demanda-t-il encore.
 
Il n'y avait pas vraiment plus évident, même après avoir lutté contre mes sentiments, il les connaissait aussi bien que moi
 
 
- Alors c'est tout ce que tu as à accepter. Personne ne te demande rien, excepté de vivre pleinement l'instant présent. Aujourd'hui tu aimes un homme point barre. Hier tu aimais une femme, c'est ok! Tu n'as pas à t'imposer une étiquette sur un futur que tu ne peux prévoir. Pourquoi te cataloguer gay sans savoir si tu n'aimeras que des hommes toute ta vie? On se fiche bien du passé, et même de l'avenir, de ce que tu as été et de ce que tu seras. Tout ce qui importe c'est maintenant et si tu acceptes d'être avec moi. Là maintenant je suis là, moi et tu es a moi, il n'y a rien d'autre qui doit compter.
- Oui mais les autres...
- Les autres non plus ne comptent pas Louis.
- Alors on essaie?
 
Je rouvris les yeux avec prudence, il n'eut aucun geste qui aurait pu justifier mon inquiétude mais j'étais tellement habitué à ce que tout se casse la gueue entre nous, à ce que nous n'ayant jamais un seul répit que je fus surpris de trouver son regard rivé au mien et un sourire doux habillant ses lèvres.
Sa main quitta la mienne mais son toucher ne me quitta pas un seul instant. Une seconde plus tard ses doigts effleurèrent mes taille, me pressant de me redresser, incertain je me laissai guidé et me retrouvai bien vite assis sur lui, ses bras croisés derrière moi nous contraignant à une proximité intimiste.
 
 
- On essaie, souffla-t-il contre mes lèvres avant d'y joindre les siennes.
 
 
 
 
 
 
Voilàààà!
J'entends vos "rho bah il était temps dis donc!" mais c'est pas ma faute
et on va éviter de lyncher Larry pendant leur lune de miel de retrouvailles hein!
 
Chapitre chargé en explication, quelque'unes avaient déjà deviné, vous aviez deviné? vous étiez proches?
 
Plus qu'un seul chapitre avant la fin...
Ils on encore le temps de trouver une bonne raison de s'engueuler ;)
 
Merci à Christine à qui m'a soufflé une des citations en haut de chapitre
et Merci à Laura qui est rarement objective mais donne toujours son avis quand même,
et est l'instigatrice de plusieurs dénouements ;)
 
J'espère que la balade Larry niaiseux vous a plu.
xXx
 
#LWDfic
 
 
 
 
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#Posté le vendredi 30 juin 2017 12:31

Modifié le lundi 03 juillet 2017 13:59

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ALifeMadeOfSongs, Posté le lundi 03 juillet 2017 14:44

Coucou,
Un chapitre 9 dévoré, comme chacun des moments de cette belle histoire.

Quelques passages (mais j'aurais pu en sélectionner tant d'autres!) ont touché mon petit c½ur sensible :
[Cela n'avait jamais cessé, il était le seul dont l'impact était si profond que la marque une fois faite ne disparaissait jamais, c'était la raison pour laquelle j'avais dû apprendre à faire semblant. Je devenais manifestement moins bon à l'usure puisqu'il venait de me deviner.]
[Alors que j'avais vécu au rythme de ses désirs tout le temps que ça avait duré, sans jamais en éprouver moi-même un seul qui ne rimait pas avec son prénom.]
[Je te repoussais sans cesse attendant patiemment que tu fasses demi-tour, te détournes, te lasses, prennes peur... Mais rien de tout cela. Et les vagues du passé se faisaient plus vives, toujours plus hautes, menaçants d'engloutir mes remparts et de fondre les soudures de mon c½ur brisé.]
[Tu m'as plus blessé ces derniers mois que personne ne l'a jamais fait auparavant, je pensais avoir trouvé un point d'ancrage quand toutes mes certitudes s'effondraient, mais tu es devenu le fardeau me coulant encore plus rapidement.]
[...accorde-moi la dignité de m'effondrer ailleurs que sous tes yeux.]
[Tu tiens mon c½ur entre tes mains, et je porte le tien.]
[Tout ce qui importe c'est maintenant et si tu acceptes d'être avec moi. Là maintenant je suis là, moi et tu es a moi, il n'y a rien d'autre qui doit compter.]

Enfin, ils ont trouvé la force de poser des mots sur les non-dits qui les ont séparés et leur ont fait tant de mal. Enfin, ils ont pris le terrible risque de mettre leurs âmes à nu pour se (re)trouver. Le chemin fut un peu plus long et compliqué que prévu, mais chaque pas en valait la peine, puisqu'il menait à ce sentiment unique d'être enfin soi-même, blotti contre celui qu'on aime, débarrassé des masques et des faux-semblants. Ce sentiment précieux d'être vivant, entier, vrai.

Plus qu'un chapitre avant la fin...? Non, je ne veux pas. Je ne veux pas que le voyage s'arrête, je ne veux pas quitter tes mots magiques.
Tu as un talent bouleversant, Elina. N'arrête jamais d'écrire.
Merci pour ce nouveau chapitre.
Je t'embrasse,
Christine.


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